Thursday, May 21, 2015

Caire


La conduite automobile au Caire est pire que tout ce qu'on pouvait s'imaginer au monde: en fait, la conduite automobile au Liban parait, en comparaison, un exemple suprême de civisme, de discipline et d'harmonie. L'automobiliste Égyptien ne peut pas attendre une seconde, pas une microseconde. Il roule en moyenne à 10cm de distance du véhicule qui le précède, double à droite et déchaine sa hargne sur le premier piéton qu'il voit: lorsqu'il n'arrive pas à écraser ce dernier, il se contente de le heurter avec son rétroviseur. Si quelqu'un veut traverser une rue, il pourra attendre des siècles avant que quelqu'un ne décélère, de son initiative personnelle, pour le laisser passer: les voitures sembleront, au contraire, converger discrètement vers lui pour lui écraser les orteils par exemple. Il faudra faire signe des mains, crier, menacer du poing ou faire semblant de jeter des cailloux sur les voitures pour se frayer un passage.
Ce style de conduite, à mon avis, alimente en grande partie le rang des "haïsseurs" de l'Égypte: un site web , décrivant les différentes catégories d'expats vivant au Caire, en fait une catégorie à part, les "Egypt haters". Si cela continue, je finirai mes jours dans une prison égyptienne pour homicide volontaire et passionnel contre un conducteur automobile autochtone que j'aurais étranglé de mes propres mains, avant de le réduire en miettes microscopiques!!

Tuesday, June 01, 2010

Miette


Par souci de sincérité autobiographique, ce blog ne saurait continuer sans le rajout d'un personnage devenu primordial dans ma vie, et qui n'est autre que ma douce dulcinée. Toutefois, toujours selon les préceptes du pacte secret inter-blogueurs, il convenait d'abord de lui trouver un pseudonyme adéquat: après mûre réflexion, j'ai finalement trouvé le surnom qui lui va comme un gant: Miette, à l'instar du personnage féminin principal du film de Jeunet et Caro "La Cité des Enfants Perdus" (film entre autres faisant partie de mon top 5 et que je recommande avec un empressement extrême!). Si mes mensurations physiques sont loin d'évoquer celles de la grosse brute jouée par Ron Perlman, ma dulcinée en revanche présente plusieurs points communs avec la jeune héroïne du film: le contraste frappant entre peau blanche et cheveux noirs, la silhouette menue et délicate, le regard enfantin mais déterminé font que je suis très fier de ma trouvaille, et que dorénavant elle sera désignée ici par Miette.


Ainsi l'autre fois, nous fûmes conviés, Miette et moi, à un concert au Basement. Il s'agissait de Lazlo Jones (encore un pseudo mais qui n'a rien à voir avec le PSIB, ou pacte secret inter-blogueurs). C'était un type que je connaissais sommairement il y a plusieurs années, et qui a dû péter les plombs entretemps; je le retrouvai complètement maquillé, une guitare à la main, avec un physique à la Jack le pirate des Caraïbes. Après des études normales en économie, il s'est apparemment lancé à corps perdu dans une carrière musicale, et j'ai comme l'impression qu'il est en train d'y acquérir une certaine notoriété. Tant mieux pour lui!


Le concert devait commencer à 10h pile, et donc, comme il se doit, la troupe ne commença à jouer qu'à partir d'11:45. Entretemps, Miette fit une amusante et utile découverte: les décorations sur un thème exotique ornant les tables (et dont la photo est affichée plus haut) étaient parfaitement comestibles! Malheureusement, un type assis avec nous, grand sportif ex-professeur de kick-boxing et donc personnage vorace en calories, remarqua à son tour l'astuce et se mit à demander poliment aux tables voisines la permission de dévorer leurs centres de table. Probablement avantagé par son physique volumineux, il rencontra très peu de refus... Enfin, lorsque les musiciens commencèrent à jouer nous étions déjà fatigués, et après 2 ou 3 chansons nous nous en allâmes vers d'autres cieux.

Thursday, April 15, 2010

Oubliez la cigarette, fumez des cigares


Depuis que je suis en couple, mes amis encore célibataires m'accusent de mener une vie trop bien rangée et casanière à leur goût: après la vie nocturne et débauchée que je menais à Gemmayzeh, les aventures relationnelles tourmentées et rocambolesques qu'ils me connaissent, me voici redevenu un quidam banal et inintéressant (avec une calvitie affirmée de surcroît). Mais finalement, je crois avoir trouvé le remède contre cette platitude qu'on semble me reprocher: je me suis mis à fumer des cigares. Quoi de plus antipathique et d'arrogant qu'un mec fumant un cigare?! Or, lorsqu'on est antipathique, on ne peut pas être ennuyeux (impossible d'être l'un et l'autre en même temps).
Cette provocation est d'abord olfactive: ayant fait l'expérience de fumer deux cigares chez un ami (lui-même pourtant fumeur de cigarettes normales), ce dernier s'est plaint de leur odeur qui avait empesté son salon pendant deux jours. Que dirait alors un non-fumeur? Mais la provocation se place aussi à niveau idéologique: en effet, le cigare attribue immédiatement à son consommateur une image de capitaliste prétentieux, figure rebutante surtout dans un milieu intellectuel francophone, généralement gauchisant. Et pour pousser jusqu'au bout cette image rébarbative, on peut s'amuser, tout en tirant nonchalamment sur son cigare, à se plaindre de toutes ces vieilles bicoques branlantes du vieux Beyrouth qu'il faudrait raser pour laisser de la place aux majestueuses tours d'habitation, brillants reflets du modernisme luxueux dont devrait se couvrir notre ville. Ajoutez à cela la saveur exquise des cigares toscans dont l'étiquette est affichée plus haut (il y a aussi les succulents Cohiba, mais les premiers offrent le meilleur rapport qualité/prix), et adieu la vulgaire cigarette du prolétaire. Et puis un cigare, ça dure...

Saturday, February 13, 2010

Le Juif Libanais

Non, il ne s'agit pas d'un billet sur la communauté juive au Liban; c'est simplement le titre d'un bouquin écrit par le père d'une amie à moi et provenant d'une adaptation de l'expression "Juif errant" et son application au Maronite libanais, vagabond du Proche-Orient.


Vu la complexité de ce bouquin, j'ai chargé un ami d'en écrire une introduction en bonne et due forme (oui, ma paresse ne connait pas de limites...), et je rajouterai son texte dès qu'il me l'aura envoyé. Entretemps, je vous en ai choisi un petit passage que je trouve sidérant d'actualité: toujours la même histoire qui se répète d'hommes qui ont rêvé d'un Liban moderne, laïque, stable (un pays comme les autres quoi), et qu'une main fourbe a lâchement assassinés.

"A 32 ans élu président de la république, dans un état dit démocratique cela ne s'était jamais vu. Aussi le retour de veste de ce jeune président ne s'était vu.
Un mahométan, le plus virulent journaliste qui n'avait cessé de cribler Bachir de critiques acerbes se présenta tout tremblant devant Monsieur le Président.
- De quoi as-tu peur? Demanda Bachir, continue ton travail et n'aie aucune crainte, autour de moi, je veux des gens de ta trempe. Tu seras mon unique porte-parole.
A Saeb bey, ancien premier ministre et parrain du slogan ni vainqueur ni vaincu il dira:
- A nous deux, nous allons travailler la main dans la main et relever notre Patrie du bourbier infernal où elle se trouve.
Du coup, tous les fonctionnaires de l'état, toute la machine administrative de fort longtemps rouillée et inopérante s'était huilée d'un carburant neuf. Le soldat devant sa caserne, le gendarme à son poste, le juge derrière son bureau, c'était tellement inattendu que tous criaient: Victoire.

[...]

Ce dimanche, Bachir invité à déjeuner chez sa sœur 'Arzé' la bonne religieuse des Saintes familles jubilait:
'Tu verras Arzé ma sœur j'en ferai de ma patrie un paradis. Maintenant que nous sommes bien installés, c'est fini le désordre, c'est fini les équations algébriques et le partage honteux du moitié-moitié, je ne ferai aucune distinction entre un chrétien et tout autre, seul un concours juste et équitable départagera les gagnants. Seule, une armée régulière défendra le territoire.
Mon pays indépendant et libre est prêt à tendre la main à tout homme de bonne foi sans prendre en considération ni sa nationalité ni sa religion, d'ailleurs j'ai décidé de rayer de notre carte d'identité ces beuveries de confessions.
Nos lycées seront aussi capables que le collège des Jésuites, nos administrations aussi propres que les lieux saints, nos enfants main dans la main vivront en paix'.

[...]

Boutros Khawand un de ses lieutenants les plus fidèles fonçait comme un forcené au volant de sa jeep vers ce centre maudit, pourvu que j'arrive à temps se disait-il, pourvu que je puisse prévenir Bachir de ce qui l'attend.
Un frein de voiture, accompagné d'un éclat de bombe, Boutros était arrivé trop tard, blessé à la jambe par les éclats de la déflagration il n'avait pas pu prévenir."

Et tant d'autres après lui... Enfin, pour égayer un peu les choses, l'inévitable coup de croquis relatant la soirée de signature chez les Germanos...




Et voici la dédicace qu'il a fini par me céder; bien entendu, une allusion évidente à ma fiancée...

Comme quoi lorsqu'on est un vieux séducteur, on ne cesse jamais de l'être.
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Post-edit:
Et voici l'introduction en bonne et due forme que je vous ai promise:

Tout comme le titre ne l’indique pas, ce livre ne traite pas de la communauté juive au Liban. Il faut plutôt y entendre un écho de la traditionnelle errance hébraïque ; en effet, derrière l’histoire de ces personnages qui traversent et font la guerre du Liban, se dessine la façon dont cette guerre a confirmé le Maronite, précaire et menacé, dans un rôle de "Juif Libanais".

Nous suivons l’histoire vraie d’Eric, un Français spécialiste des coffres-forts, engagé par les milices de l'Ouest pour dévaliser les réserves de la British Bank. Nous adhérons à son regard extérieur. Nous croisons un certain nombre de personnages de tous bords, nous ressentons ce qu’ils ressentent, et nous sommes accompagnés par les commentaires de l’auteur, une sorte de voix off à la fois sage et désenchantée.

Loin d’être un énième pavé sur la guerre du Liban, ce récit la survole avec une ironie qui n’exclut pas la gravité, avec une lucidité qui n’exclut pas l’empathie, et avec un recul qui n’exclut pas l’espoir.

Y.G.

Monday, June 01, 2009

Sois belle...


« Sois moche, bête et vote orange, ou bleu, ou jaune, ou vert, ou peu importe la couleur, tu resteras toujours moche et bête : c’est la vie… »
Je crois avoir trouvé la bonne réplique au fameux slogan Aouniste qui a fait tout un tollé dernièrement. Celle du 14 Mars était un peu bizarre à mon goût, en tout cas pas très nette : « sois égale et vote » ? Égale à quoi : à toi-même ? L’égale de l’homme (certaines femmes ne s’en suffiraient plus en tout cas) ? Que tout cela te soit égal (pas très civique comme attitude, quoique compréhensible)? Ce n’est pas très clair ce truc…

Le suspense est à son paroxysme, et cette semaine tout le Liban retiendra son souffle en attendant le jour J: l’issue de ce scrutin est cruciale pour le destin de tout le pays pendant les quatre ans à venir ! Mais plus important que la couleur du nouveau parlement, il devient urgent que les élections se terminent, sinon l’infrastructure routière de la ville de Beyrouth risque d’aspirer tout le budget public pour au moins les deux prochaines décennies ! (Explication aux non-libanais : aux approches des élections législatives, les autorités, voulant s’afficher soucieuses du bien-être de leurs administrés, entreprennent des travaux de rénovation de la voirie publique, marque de présence on ne peut plus notoire rien qu’aux embouteillages qu’elle provoque). Cette année, outre le coup classique de l’asphaltage, l’Etat a cru bon d’installer une quantité impressionnante de feux rouges et de parcmètres tout le long de l’avenue Fouad Chéhab, et un peu partout à Achrafieh, dans un étalage pédant de gadgets technologiques exécrables. Ce show off devient insupportable, et je préviens solennellement les municipalités de prendre garde: si l’épidémie de feux rouges s’étend jusqu’à Charles Malek, je vote pour l’opposition !

Monday, April 13, 2009

Esta Noche...

Ce billet est dédié à la musique latino-américaine: rien n'est plus beau, plus rythmé, plus érotique que les musiques provenant de ce continent. Notre appréciation (en tout cas la mienne) de ces musiques proviendrait-elle de la similarité climatique et géographique qui ferait de l'Amérique du Sud notre équivalent dans l'hémisphère Sud? Ou peut être la culture hispanique, marquée par au moins 6 siècles d'occupation Maure, porterait-elle une influence orientale à laquelle nous serions sensibles? Quoi qu'il en soit, ce genre de musique, par sa nonchalance, sa sensualité, sa richesse rythmique a su captiver mon cœur.


Je vous présente ici un musicien exceptionnel que j'ai été extrêmement ravi de découvrir, et qui sera, selon mes prévisions, sans doute l'équivalent d'un Carlos Santana dans quelques années: il s'agit de Federico Aubele dont je vous conseille d'acquérir les deux albums qu'il a déjà sortis. Je vous ai mis en ligne une de ses plus belles chansons «Esta Noche» (pour qui comprend l'espagnol, il parait que les paroles expriment une très grande tristesse, mais moi je ne fais jamais attention aux mots en présence d'une belle mélodie...), occasion pour moi également de tester mon nouvel espace de stockage virtuel chez Adrive (parait que c'est génial ce truc, enfin on verra...). Et afin de ne pas rester dans le morbide (ce que plusieurs personnes semblent me reprocher souvent), je vous ai également mis en ligne un splendide tango moderne du groupe Bajofondo Tango Club, un groupe sympa rappelant Gotan Project, attention spéciale à tous les fans de ce dernier groupe qui connaissent toutes leurs chansons par coeur et ont envie d'écouter quelque chose de nouveau, dans le même genre et qui soit à la hauteur.


Je pourrai aussi rajouter combien j'adore le tango argentin qui synthétise, à mon avis, ce qu'il y a de plus beau dans toute la musique Sud-Américaine, mais je préfère vous renvoyer à un exposé un peu plus étayé sur ce formidable genre musical (le site est celui d'une amie extrêmement versée en culture hispanophone, et plus spécialement en flamenco, comme le nom du site l'indique naturellement)...

Et voilà, joyeuses Pâques à tout le monde, et à plus tard!!

Tuesday, February 24, 2009

Législatives cruciales, et diverses nouvelles

La plupart des blogs libanais francophones, qui s'étaient imposé une période de mutisme depuis le milieu de l'année passée, sont redevenus actifs il y a quelque temps. Je décide donc à mon tour de faire un petit coucou aux caméras, retour d'autant plus motivé par l'arrivée du mois de Mars contenant bien sûr les fameux 8 et 14, et préfigurant les législatives du 7 Juin. Ces élections seront d'une importance vitale pour tout le pays, et plusieurs appréhendent déjà le retour des intimidations, des attentats contre les candidats d'un même parti (celui que l'on canarde tranquillement depuis 2005), ou même d'un conflit intérieur (genre mai 2008), pour prendre la pire des hypothèses. Un minimum de propagande et de campagne électorale sont donc nécessaires, modeste contribution de ce blog pour soutenir le seul clan libanais véritablement nationaliste (car avec les derniers agissements du Hezbollah et de leurs compères, je pense qu'il ne plane plus aucun doute sur leur attitude par rapport à ce pays)...


Sur un autre plan, une bande-dessinée sur la vie de Gebran écrite par Makyo, mérite d'occuper la rubrique culturelle de ce billet. Sans avoir l'envergure d'un Juillard ou d'un Dufaux, Makyo a signé quelques chefs d'oeuvre indiscutables, comme les 4 premiers volumes de la série «Balade au Bout du Monde». Ce premier volet relate en effet une histoire intensément énigmatique, captivante, parfois mystique et philosophique, avec des dessins tout à fait à la hauteur des textes. Malheureusement, dans les volumes suivants l'histoire s'essouffle, et rentre dans des complications et des incohérences que même un esprit comme le mien a finalement trouvées trop tordues à son goût... Pour en revenir au Gebran, ce n'est pas la B.D. du siècle bien entendu, mais elle comporte une documentation intéressante et facile à lire sur la vie de l'auteur pour qui ça intéresse, et il en a des fans! Pour ma part, Khalil Gebran n'a jamais vraiment été ma tasse de thé: trop lyrique peut être, ou trop américain... Mais ça fait toujours plaisir à lire ce genre de trucs, ça remonte vachement le moral (enfin un libanais mondialement célèbre pour un apport positif à la société, ça change!)


Et enfin, sur un plan plus personnel, Oberon Brown a retrouvé un havre d'harmonie et de sérénité, après une longue et pénible traversée du désert... Une ravissante jouvencelle en est la cause. Ce qui me pousse à m'adresser à mes lecteurs encore solitaires, et les encourager à entreprendre tout le nécessaire, à aller chercher jusqu'au plus profond de l'enfer s'il le faut, pour forcer la destinée à nous mettre sur le chemin de l'autre. Cela vaut tous les sacrifices du monde, croyez-moi...