Tuesday, June 19, 2007

Les fêtards s'adaptent...

Si en traversant une Gemmayzé déserte par un samedi soir, vous vous dites tristement que les Libanais sont prudemment tapis chez eux à regarder bêtement la télé, eh bien détrompez-vous: ils sont en train de faire la fête, mais dans des endroits plus «sûrs». En effet, la vie nocturne Beyrouthine, endurcie par des années de guerres, d'attentats et de mauvaises surprises, a finalement su s'adapter à la situation actuelle. Par instinct de protection, une tendance récente chez les fêtards semble leur faire fuir les endroits ouverts, exposés à la rue, spécialement la rue Gouraud (au grand dam des Torino-philes et autres Godot-philes), surlaquelle débouchent une infinité de petites ruelles étroites et d'impasses mal éclairées, tout ce qu'il y a de plus louche et de plus menaçant par les temps qui courent... En discutant avec des amis quelques jours plus tard, je fus surpris d'apprendre que ce même samedi le Sky Bar était plein à craquer, et qu'on y prenait des réservations deux semaines à l'avance! Le Sky Bar, perché sur son toit-terrasse au sixème ou septième étage au centre-ville, et dont l'accès par ascenceur pouvait difficilement laisser passer des charges explosives, semblait donc l'endroit tout indiqué pour veiller l'esprit tranquille.
A la lumière de cette nouvelle découverte et à deux jours de la fête de la musique, on peut ainsi prévoir à l'avance les endroits où il y aura vraisemblablement de la foule; on pourrait même anticiper le degré de succès d'un pub, pour les quelques mois à venir, en fonction de son indice de sécurité: il est évident qu'un endroit comme le «Basement» (rien que par son nom celui-là) ou le «Club Social» sagement tapis sous terre, sont plus propres à inspirer confiance que tous ces endroits donnant sur l'axe principal de Gemmayzé, surtout le «Gauche Caviar» qui présente, outre sa façade complètement vitrée, le danger d'un certain isolement, étant loin du paquet formé par les autres. Si la situation se prolonge, les valeurs architecturales elles-même devront s'adapter à la nécessité du marché: les parois lourdes en béton ou en maçonnerie de pierres seront préconisées, le vitrage, l'éclairage et la transparence seront bannis...
Bref, contrairement aux apparences, la vie nocturne continue de battre dans les artères de notre capitale, aussi bien pour les locaux que pour les étrangers. Car pour ceux qui pensent que ces derniers ont fui notre pays comme la peste, eh bien qu'eux aussi ils se détrompent! Il reste plein d'étrangers ici, même s'il s'agit principalement de 3 catégories: 1- les aventuriers, qui recherchent le danger, l'inattendu qu'ils ne trouveront jamais en Europe; 2- les jounalistes, qui ont évidemment plein de boulot dans ce pays, et 3- les espions, pour les mêmes raisons. Ce qui fait que quelle que soit la catégorie à laquelle appartient cet étranger (ou étrangère), les touristes peureux et débonnaires ayant été filtrés, c'est forcément quelqu'un d'intéressant. S'il peut être les 3 à la fois, ça serait l'idéal!

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