Thursday, September 07, 2006

Le président est chrétien... maronite.

Beaucoup de rêveurs qui parlent de la laïcisation du Liban, savent, au fond d'eux même, que le jour où un président sera élu pour ses qualités intrinsèques de dirigeant d'Etat, indépendamment de sa religion, n'arrivera pas de sitôt. Jusqu'à présent, le trio caricatural chef d'Etat chrétien, chef de gouvernement sunnite, et chef de parlement chiite, reste un aquis, une sainte trinité que personne ne veut prendre le risque de remettre en question. Ce que tout le monde oublie par contre, c'est que le président n'est pas juste chrétien: il est maronite!
Je me rappelle, avant la mort du très regretté Gebran Tuéni qui représentait par son érudition, son courage, son honnêteté la fine crème des politiciens locaux, en le voyant parler à la télévision, je pensais à voix haute:
« Quel président magnifique il ferait... »
Et comme amusés par une personne extrèmement distraite, les gens autour de moi m'ont fait la remarque:
« Mais voyons, il ne peut PAS être président! Il est orthodoxe. »
Où avais-je la tête? J'avais prononcé une absurdité...
Il faudrait se rappeler qu'un orthodoxe, un grec catholique, un syriaque, un protestant, un arménien est, de par sa nature, immédiatement disqualifié pour ce poste. Le fait que toutes ces minorités aient depuis longtemps habité la ville, qu'elles aient apporté au Liban un nombre impressionnant d'hommes de lettre, de penseurs, de gens cultivés et qualifiés, et qu'elles en fournissent toujours, est une constatation sans aucune importance, et n'est même capable de suggérer à l'esprit des Libanais un éventuel assouplissement de la loi (ou plutôt du consensus, car cela n'est écrit nulle part dans la Constitution). Comment dans ce cas, peut-on espérer un jour devenir un Etat laïque, alors que nous n'arrivons même pas à effectuer le pas le plus simple dans cette direction?
Ce manque d'initiative est d'autant plus attristant qu'il y a en ce moment une véritable pénurie de candidats valables à la présidence: entre les hystériques, les dépressifs, les ex-criminels de guerre et les voleurs, on a en fait le choix entre le pire et le moins pire. Si la décision me revenait personnellement, je choisirais Strida Geagea pour présidente de la république: à défaut de distinction morale, elle se démarque au moins par un physique agréable à regarder, et cela encouragerait les gens les plus superficiels (donc une bonne majorité de nos compatriotes) à regarder les nouvelles plus souvent. Car si parmi nos politiciens actuels moralement c'est la catastrophe, physiquement c'est le cataclysme! On dirait qu'il y a une sorte de concours de laideur, avec des candidats de plus en plus compétitifs (Walid Beyk, le général, etc.. pour ne citer que les exemples les plus flagrants).
Bref, le but de ce texte n'est donc pas de remettre en question la trilogie constitutionelle libanaise qu'il est probablement encore trop tôt de chambouler (même les rêveurs plus fous doivent le reconnaître), mais de rappeler le sens précis de chaque mot qui compose cet axiome si caractéristique de notre identité nationale:
« Le président de la république est chrétien, le premier ministre est sunnite, le chef du parlement est chiite. »