L'auteur de ce blog se trouve parachuté à Dubaï, par un brûlant mois de juillet (pour du boulot évidemment, car si cela dépendait de lui il aurait certainement choisi une autre destination pour ses vacances). Fort heureusement, cela ne durera que quelques semaines, mais il a l'impression que ça va passer très très très lentement...
Dubai est la ville du parfait consommateur: au bout de quelques jours que vous passez à vous balader dans les shopping malls émiratiens (parce qu'il n'y a rien d'autre à faire), une envie sournoise vous prend d'acheter toutes sortes d'objets; des téléphones mobiles, des ordinateurs portables, des caméras digitales, des habits de luxe, des voitures, une maison dans le style de votre choix... Toute cette ville d'ailleurs, vous donne l'impression d'avoir été achetée, puis montée de toutes pièces au beau milieu de nulle part.
Vous sentez qu'elle veut ressembler à l'Amérique dans son urbanisme, dans ses programmes de télévision, dans ses affiches, dans son ambition de devenir un «melting pot» socio-culturel et sa volonté de drainer vers elle les «cerveaux» qualifiés. Elle compte probablement sur le fait que les Etats Unis ont eux aussi une histoire très récente, et certains pourraient y voir une similitude. Mais l'Amérique a bossé pour son argent. C'est un pays industrialisé, dont l'économie a toujours compté en grande partie sur l'agro-alimentaire, et ce n'est qu'après les deux guerres mondiales que les EU sont devenus la grande puissance planétaire qu'ils sont maintenant. Les Emirats eux ne produisent rien. Ils investissent visiblement dans le toursime et l'immobilier, mais cela reste précaire, leur seule source sérieuse de revenus étant le pétrôle. Dans un monde à l'affût d'une éventuelle catastrophe écologique, et qui se dirige de plus en plus vers les énergies renouvelables, Dubai va à contre-sens, et se vautre dans un luxe insouciant de gaspillage d'énergie et de pollution (en faisant par exemple des pistes de ski artificielles au beau milieu d'un désert à 50 degrés). Que se passera-t-il si un jour l'utilisation du pétrôle devenait subitement interdite, ou strictement réservée aux urgences, ou aux engins militaires? Ou si le pétrôle venait à être remplacé par un carburant non polluant, à base d'alcool végétal par exemple, comme c'est déjà le cas au Brésil? Ça sera la catastrophe! Non seulement l'économie tombera à l'eau, les demandes en hydrocarbures ayant dramatiquement chuté, mais la ville construite deviendra elle-même inhabitable: elle est trop dépendante de l'énergie. Mais restons dans le présent...
Si Dubai est moche le jour, elle peut être supportable -voire agréable- la nuit. Faut dire que lorsqu'on est bourré et lâché au milieu de belles femmes, habillées plutôt légèrement vu le climat, de toutes sortes de nationalités et de races, on est en général assez satisfait de notre soirée. Je vous ai repéré quelques endroits incontournables pour le jour où vous aurez la malchance de passer par cette ville, et où vous n'aurez pas envie de vous faire chier à tourner bêtement dans un centre commercial. Le «Trader Vic's», sorte de pub latino américain où l'on présente les jeudis soir (donc le week end ici) deux belles chanteuses Cubaines jouant une samba entraînante, chantant les plus beaux tubes dans le genre Santana, est à mon avis l'endroit nocturne le plus intéressant de cette ville. Il en existe deux versions, un à Madinat Jumayra et l'autre du côté de Sheikh Zayed, et tous les deux sont bons. Le second endroit que j'ai découvert récemment est l' «Irish Pub» dans l'Irish Village, sorte de grand complexe hôtelier du côté de Deira. Ambiance très agréable, excellente bière, guitare «unplugged» jouant du rock classique, de l' «alternative», du country... Tout cela donne à ce lieu un charme très spécial qui vous fait oublier, le temps d'une soirée, la laideur de Dubai.
Ce soir je ne sors pas puisque je suis fatigué de boire et de veiller. A travers la baie vitrée de ma chambre d'hôtel, je regarde la platitude du désert, la concurrence en hauteur des gratte-ciels, les routes excessivement illuminées et la circulation excessivement disciplinée des voitures. Au loin, Beyrouth, les chauffards, les explosions, la politique trouble, les amis, la famille, les visages que j'aime... Et je compte les minutes qui me séparent du moment où je serai enfin sur l'avion, en route vers mon chaos natal, mon pays bien-aimé...