Les 5 plus belles B.D. au monde
Comme promis, je vais présenter dans ce second interlude sur le 9ème art, les 5 plus belles bandes dessinées au monde (évidemment, je ne vais pas parler des grands classiques genre Tintin, Spirou, Astérix, Blueberry, etc. que tout le monde connaît, car il n'y aurait aucun intérêt à cela, mon but étant de faire sortir de l'ombre des auteurs exceptionnels qui ont repoussé les limites artistiques de ce médium à des sommets rarement atteints). Les voilà:
ENKI BILAL: La Foire aux Immortels.
Plus besoin de le présenter, cet album a été discuté en long et en large dans le billet précédent.
HUGO PRATT: La Ballade de la Mer Salée.
Étant le meilleur des Corto Maltese, c'est à dire de la plus belle série au monde, cet album a par conséquent de fortes chances d'être le plus bel album B.D. dans l'absolu (ce jugement est strictement impartial, et n'a rien à voir avec le fait qu'une certaine commentatrice habituelle de ce blog semble connaître intimement la fille du grand maître)! Malheureusement, comme c'est le cas avec toutes les grandes oeuvres d'art, il est impossible de disséquer ce roman, et l'on ne peut que subir sa beauté formidable, en se laissant transporter dans le monde magique de Pratt; sur les côtes paradisiaques d'une île secrète de l'océan Pacifique, au rythme des chants marins polynésiens, des canons de navires de guerre, des brusques tempêtes tropicales et des aléas du destin...
JORDI BERNET & SANCHEZ ABULI: Histoires Noires.
Ce bouquin, sorti chez Comics USA et écrit par des auteurs espagnols, est unique par sa brutalité, sa noirceur (comme le titre pouvait laisser deviner) et sa force d'impact. De petites histoire traitées avec un graphisme épuré, efficace et terriblement expressif, en séries de 3 bandes par pages, font ressortir les faces les plus obscures, les plus féroces mais aussi les plus vraies de l'être humain. Des nains difformes et sadiques, des assassins, des femmes fatales, des mendiants aveugles sont les acteurs de ce recueil d'histoires cauchemardesques, dignes d'un Francesco Goya, mais qui n'excluent pas toutefois un certain humour de dérision.
MOEBIUS: Les Jardins d'Edena.
Le cycle du Monde d'Edena, et plus particulièrement ce volume-ci, est à mon avis le chef d'oeuvre de l'exceptionnellement doué Jean Giraud/Moebius, dont le dessin légendaire atteint ici un degré de perfection impressionnant. L'histoire quant à elle, reflète les thèmes favoris de la B.D. de l'époque où cet album est sorti; nous sommes en plein dans le style Métal Hurlant, qui a produit tout un florilège de contes de sciences-fiction sur fond d'ambiance psychédélique et d'allusions Freudiennes. Mais dans cette série, Moebius évite de tomber dans les épopées sanguinaires et guerre-des-étoilesques, qu'affectionnent des auteurs comme Jodorowsky. En effet, il s'agit là de deux êtres androgynes qui atterrissent sur une planète inconnue, peuplée de créatures bizarres et plantée d'arbres fruitiers; leur contact avec cette nature sauvage provoquera dans leurs corps des transformations hormonales profondes, qui affecteront leur relation mutuelle, et alors s'ensuivera toute une série d'évènements palpitants... Moebius nous offre ainsi un conte fantastique, subtil et philosophique, progressant sur une trame extrèmement captivante, et synthétisant à mon avis ce qu'il y a de mieux dans cette B.D. des années 70.
ALEX BARBIER: Comme un Poulet Sans Tête.
Depuis quelque temps, les B.D. modernes me donnent l'impression de se ressembler toutes, de sortir du même moule; en effet, depuis l'émergence d'Angoulême, le 9ème art a été codifié et régi par des règles strictes, donnant naissance à des produits pratiquement similaires, et le plus souvent dénués de personnalité; rares sont les oeuvres qui se démarquent de cette nouvelle norme. Dans ce contexte, «Comme un poulet sans tête» d'Alex Barbier vous donne l'impression d'être un extra-terrestre sorti de nulle part! Un graphisme surprenamment innovateur, évoquant l'ambiance des tableaux de Francis Bacon, étale image après image, des visions floues, des hallucinations érotiques, angoissantes, parfois violentes, de corps dénudés d'adolescents, de paysages obscurs... Les textes, sommaires et subversifs, ne sont pas sans rappeler Lautréamont, ou le marquis de Sade. La deuxième histoire dans cet album, intitulée « Lettre au maire de V. », est particulièrement troublante, empreinte d'angoisse paranoïaque, d'ennui morbide et de misanthropie; et même si la provocation y est parfois explicite, le fond conserve un stoïcisme effronté et touchant. Du jamais vu en B.D.!!
ENKI BILAL: La Foire aux Immortels.
Plus besoin de le présenter, cet album a été discuté en long et en large dans le billet précédent.
HUGO PRATT: La Ballade de la Mer Salée.
Étant le meilleur des Corto Maltese, c'est à dire de la plus belle série au monde, cet album a par conséquent de fortes chances d'être le plus bel album B.D. dans l'absolu (ce jugement est strictement impartial, et n'a rien à voir avec le fait qu'une certaine commentatrice habituelle de ce blog semble connaître intimement la fille du grand maître)! Malheureusement, comme c'est le cas avec toutes les grandes oeuvres d'art, il est impossible de disséquer ce roman, et l'on ne peut que subir sa beauté formidable, en se laissant transporter dans le monde magique de Pratt; sur les côtes paradisiaques d'une île secrète de l'océan Pacifique, au rythme des chants marins polynésiens, des canons de navires de guerre, des brusques tempêtes tropicales et des aléas du destin...
JORDI BERNET & SANCHEZ ABULI: Histoires Noires.
Ce bouquin, sorti chez Comics USA et écrit par des auteurs espagnols, est unique par sa brutalité, sa noirceur (comme le titre pouvait laisser deviner) et sa force d'impact. De petites histoire traitées avec un graphisme épuré, efficace et terriblement expressif, en séries de 3 bandes par pages, font ressortir les faces les plus obscures, les plus féroces mais aussi les plus vraies de l'être humain. Des nains difformes et sadiques, des assassins, des femmes fatales, des mendiants aveugles sont les acteurs de ce recueil d'histoires cauchemardesques, dignes d'un Francesco Goya, mais qui n'excluent pas toutefois un certain humour de dérision.
MOEBIUS: Les Jardins d'Edena.
Le cycle du Monde d'Edena, et plus particulièrement ce volume-ci, est à mon avis le chef d'oeuvre de l'exceptionnellement doué Jean Giraud/Moebius, dont le dessin légendaire atteint ici un degré de perfection impressionnant. L'histoire quant à elle, reflète les thèmes favoris de la B.D. de l'époque où cet album est sorti; nous sommes en plein dans le style Métal Hurlant, qui a produit tout un florilège de contes de sciences-fiction sur fond d'ambiance psychédélique et d'allusions Freudiennes. Mais dans cette série, Moebius évite de tomber dans les épopées sanguinaires et guerre-des-étoilesques, qu'affectionnent des auteurs comme Jodorowsky. En effet, il s'agit là de deux êtres androgynes qui atterrissent sur une planète inconnue, peuplée de créatures bizarres et plantée d'arbres fruitiers; leur contact avec cette nature sauvage provoquera dans leurs corps des transformations hormonales profondes, qui affecteront leur relation mutuelle, et alors s'ensuivera toute une série d'évènements palpitants... Moebius nous offre ainsi un conte fantastique, subtil et philosophique, progressant sur une trame extrèmement captivante, et synthétisant à mon avis ce qu'il y a de mieux dans cette B.D. des années 70.
ALEX BARBIER: Comme un Poulet Sans Tête.
Depuis quelque temps, les B.D. modernes me donnent l'impression de se ressembler toutes, de sortir du même moule; en effet, depuis l'émergence d'Angoulême, le 9ème art a été codifié et régi par des règles strictes, donnant naissance à des produits pratiquement similaires, et le plus souvent dénués de personnalité; rares sont les oeuvres qui se démarquent de cette nouvelle norme. Dans ce contexte, «Comme un poulet sans tête» d'Alex Barbier vous donne l'impression d'être un extra-terrestre sorti de nulle part! Un graphisme surprenamment innovateur, évoquant l'ambiance des tableaux de Francis Bacon, étale image après image, des visions floues, des hallucinations érotiques, angoissantes, parfois violentes, de corps dénudés d'adolescents, de paysages obscurs... Les textes, sommaires et subversifs, ne sont pas sans rappeler Lautréamont, ou le marquis de Sade. La deuxième histoire dans cet album, intitulée « Lettre au maire de V. », est particulièrement troublante, empreinte d'angoisse paranoïaque, d'ennui morbide et de misanthropie; et même si la provocation y est parfois explicite, le fond conserve un stoïcisme effronté et touchant. Du jamais vu en B.D.!!