Saturday, August 26, 2006

Le grand handicap du mouvement aouniste: Aoun!

Je me souviens, peu de temps après l'assassinat de Rafic Hariri, et même bien avant, depuis les protestations contre la fermeture de la MTV, des actions intelligentes, sympathiques et admirables des jeunes de ce Mouvement Patriotique Libre. Leur présence aux manifestations du 14 mars, leur excellente organisation (tayyar.org étant l'un des sites internet libanais les plus visités d'après Alexa websearch), leur patriotisme authentique, laissaient prévoir leur présence enthousiaste et leur participation active dans le nouveau gouvernement libanais, libéré enfin de la tutelle syrienne. Cet espoir s'est vite assombri dès la première apparition de Michel Aoun, à son retour d'exil...
Je n'insisterai pas sur les crises de colère du personnage, et ses cris pour ramener l'ordre dans la salle, qu'il servit en guise de remerciements à toutes les personnes venues lui souhaiter la bienvenue à l'aéroport. Finalement, chacun a sa façon d'exprimer sa gratitude et sa joie. J'évoquerai juste cette phrase de son premier discours de retour, une phrase dont je me rappelle très bien car elle sonne fort dans l'oreille comme une insulte:
« La mort de Hariri a accéléré le processus de libération que nous avons entrepris »...
Est-il possible de dire une chose pareille? Cela faisait à peine quelques mois qu'un grand citoyen Libanais était mort (c'était presque l'équivalent d'un Bachir Gemayel), et c'est avec cette légèreté, cette absence totale de décence humaine qu'il parle de l'évènement? Lorsque je pose la question à un ami CPL, sa réponse est en général:
- « Euh!... Oui, c'est parce que les autres ne sont pas venus le recevoir à l'aéroport. »
C'est d'ailleurs le même argument que tous les Aounistes vous servent, dès que vous questionnez une position un peu discutable – et il y en a plein!- prise par leur général :
« Oui, il y a été contraint !»
« Oui, il a fait ça parce que les autres ont fait cela !»
« Oui, mais les autres ne sont pas mieux! »
etc...
Pour se résumer donc, Michel Aoun commet toutes les bêtises possibles et imaginables en réponse aux provocations des autres! Si la plupart des gens agissent en fonction de leurs principes, lui il « réagit » aux actions des autres. Ainsi, dans un pays qui vient de se libérer d'une longue tutelle syrienne, le général (retraité) s'arrange pour se mettre tous les Pro-Syriens de son côté (Suleiman Franjié, Michel Murr, Talal Erslan...) avec pour seule justification:
« Oui, ils sont venus à nous, je n'allais pas leur dire non »...
Quel argument stupide! Lorsqu'on s'allie avec quelqu'un, c'est que nos objectifs sont similaires: s'il n'existe pas de base commune, c'est que nous sommes naturellement dans deux camps opposés!
Le pays s'est donc divisé grossièrement en deux camps: les anti-Syriens d'un côté, regroupant le Parti Socialiste de Joumblat, le Courant du Futur de Hariri, les Forces Libanaises, les Ahrar, etc.., et les pro-Syriens de l'autre, Hezbollah, Amal, Suleiman Franjié, et autres sympathisants syriens... Le CPL lui, pourtant l'un des premiers artisans de cette libération, se retrouve en dehors de cette classification. Le journal Le Monde le qualifie d' « atypique ».
Récemment, les jeunes du Tayyar ne savent plus à quelle manifestation participer: des fois se trompant de camp, ils se retrouvent à vandaliser l'ESCWA avec des drapeaux du Hezbollah, ne sachant plus d'ailleurs s'ils sont pour ou contre les armes de ce dernier... Certains aounistes, visiblement embarrassés par ce chef fatigant et indéfendable (sauf par le stratagème cité plus haut), renoncent sagement à toute discussion politique, et se consacrent plutôt à des actions sociales, extrèmement généreuses et louables. D'autres supposant qu'ils sont déjà passés dans l'axe Irano-Syrien, essaient de se convaincre (et de convaincre les autres) combien sont beaux les pays comme l'Iran, Cuba, la Corée du Nord, ces vaillants résistants qui fuient la satanique influence US; combien ces régimes, favorisant l'épanouissement personnel, la liberté d'expression, la motivation économique, sont forcés de rejeter par milliers les immigrants européens et américains, qui accourent chaque jour avidement vers leurs frontières...
Finalement, la morale de cette histoire c'est qu'il faut toujours, en tant que partisan de telle ou telle autre mouvance politique, remettre en question les décisions de son chef de file (surtout quand il s'agit d'un gnome névrosé et imprévisible), s'interroger sans cesse si notre démarche est en adéquation avec nos principes fondateurs, si elle n'est pas en train de nous éloigner du véritable but que nous poursuivons, et s'assurer enfin que ce but est toujours en vigueur! Car dans la politique (et dans la vie en général), il est souvent utile de savoir où l'on va...

Monday, August 07, 2006

Oui au Liban, non au Hezbollah!

Je ne peux pas blâmer les pauvres simples d'esprit, fanatisés par le charisme de sayyed Hassan Nasrallah, mais j'espère que mes arguments parviendront aux autres, les gens avec tant soit peu de bon sens, qui sauront distinguer, dans cette situation trouble, les vrais intérêts du Liban...
L'affirmation que la guérilla est plus efficace qu'une armée régulière, dont se servent les porte-parole et les défenseurs du Hezb pour justifier la persistance de leur armement, n'est qu'un sophisme grossier. Le Hezb affirme que le plus grand atout de la guérilla est son secret, personne ne peut prévoir ses mouvements. Mais les armées régulières ne mènent-elles pas des opérations secrètes? N'ont elles pas des armes, des bases, des unités secrètes? Secundo, ils affirment que si l'Etat est « impliqué » dans une offensive, c'est tout le pays qui paie le prix, alors que si c'est uniquement la « Résistance » qui agit, l'ennemi n'attaque pas: je pense que les évènements de ce dernier mois ont largement démenti ce postulat... Tertio, le Hezb affirme que ses missiles sont une mesure « dissuasive » contre l'ennemi Sioniste: à supposer que cela soit vrai - bien que cela ait encore été démenti par les dernières attaques - je vois mal comment ils le seraient moins aux mains expertes de l'armée libanaise, qui disposerait ainsi d'un arsenal plus large, complémentaire aux roquettes, et qui en ferait par conséquent meilleur usage... Ces quelques pseudo-avantages étant donc très discutables (pour ne pas dire complètement faux), voyons donc ce que nous perdons à avoir une milice armée sur notre territoire:
1- Absence totale de crédibilité aux yeux des nations unies: l'Etat Libanais est incapable de faire respecter la loi sur son propre territoire. Et par conséquent accueil méfiant réservé au passeport libanais partout dans le monde, réputation d'Etat voyou...
2- Imprévisibilité des actions militaires de cette milice; l'armée libanaise suit les ordres de son ministre de la Défense et ceux de son propre parlement, suivant une hiérarchie savamment étudiée, et oeuvre donc au bien-être de son peuple, mais QUI ordonne les agissements du « parti de Dieu »? Dieu lui-même peut-être??
3- Instabilité intérieure, et spectre menaçant d'une éventuelle guerre civile. La milice armée appartenant majoritairement à une seule confession, le risque d'un conflit intérieur reste présent tant qu'il existe des armes en dehors du contrôle de l'Etat.
4- Intérêts personnels (ou théologiques, ou fascistes) prévalant sur l'intérêt de la nation, à savoir la préservation des vies humaines, des infrastructures, de l'économie ... Pour défendre la « cause arabe » (bien que la Ligue Arabe ne leur ait rien demandé) ou « l'honneur de l'Islam » (bien que l'Arabie Saoudite ne les ait pas mandatés), les miliciens du Hezb prennent l'initiative de franchir la ligne bleue, tuer 8 soldats de l'ennemi et en kidnapper 2 autres. Nous avons tous eu l'occasion de vérifier que cela n'était pas dans l'intérêt du Liban...
Se voyant battus dans un discours clairvoyant, les pro-Hezb se rabattent alors, pour redresser la situation, à vous accuser de lâcheté, de suivisme américain, de nostalgie du Mandat Français, de phalangisme, et j'en passe... Les valeurs qu'ils invoquent, copiées sur le dernier discours télévisé du Sayyed, sont le « courage face au martyr », la « virilité », l'« honnêteté » etc., vertus tout à fait louables en littérature et en poésie, mais absolument stériles -voire dangereuse- dans un discours politique. Ce à quoi je réponds que le Liban est un pays démocratique, et que si vous voulez expérimenter le martyr, faites-le, vous avez ma bénédiction, mais de grâce ne m'entraînez pas dans votre mort « héroïque »... Je préfère choisir la vie, l'économie, la paix, et le pardon des erreurs du passé...
P.S.: Dans ce discours où j'ai été plus que dur envers les sympathisants du Hezb, je tiens cependant à affirmer mon amour à l'ensemble du peuple chi'ite (en particulier à mon ami M.S.), et ma grande admiration devant leur courage et leur foi.