Thursday, February 28, 2008

Cedar tree blues


Ce février glacial n'en finit pas de traîner (je sais bien que c'est une année bissextile, mais quand même, ça me semble anormalement long)... J'attends vivement le printemps, l'une des deux saisons modérées où nous pouvons à juste titre nous enorgueillir de notre climat (nous n'avons plus trop l'embarras du choix quant aux sujets qui y prêtent d'ailleurs). Je pourrai alors faire une petite randonnée en montagne avec mes potes; le temps sera doux et ensoleillé, le paysage vert et moite fera chaud au coeur, et l'on déjeunera en plein air... Entretemps, installé bien au chaud chez moi, j'écoute une grande classique Grunge de la magnifique PJ Harvey, en sirotant un Chivas Regal avec glaçons. Des pensées défaitistes me viennent à l'esprit, les titres angoissants des journaux, le départ accéléré des amis (deux collègues partis rien que ce dernier mois), des prédictions de mauvais augure pleuvant de partout, et je me laisse lentement aller au blues du Cèdre...

Depuis les années 70, nous avons commencé à dégringoler des escaliers interminables sans jamais nous arrêter. À chaque fois que nous atteignions un palier, à peine remis de notre surprise une nouvelle chute nous attendait, et nous continuions notre descente dans un abîme de plus en plus obscur, un gouffre dont le fond se dérobait sans cesse. Pendant que les pays du Golfe, ces maudits rapaces, se développent, s'embellissent et se couvrent de gratte-ciels, bâtis par nos ingénieurs, nos directeurs, nos gestionnaires qui ont déserté le pays, nous qui étions la perle orientale, le joyau culturel, économique et social du monde arabe, nous tombons dans la putréfaction avec nos lauriers flétris. Nous nous traînons fébrilement de l'avant, accrochés à un vague espoir, ou plutôt à un reste insensé de fierté et d'obstination: nous savons que notre peuple est naturellement prespicace et débrouillard, que les libanais de la diaspora sont nombreux et probablement influents... Peut-être qu'un milliardaire originaire de nos côtes aura un jour le mal du pays, peut-être qu' il décidera de rentrer, de rebâtir, de faire bouger les choses, et que celui-là ne se fera pas bêtement assassiner. Peut-être...

Mais ce qui est certain, c'est qu'un jour notre âge d'or reviendra, je n'en ai aucun doute; car le régime syrien, cette sangsue envieuse qui n'a provoqué que du tort à tout ce qui l'entoure (à commencer par son propre peuple), sera mort et enterré depuis longtemps! Un jour le Phénix reprendra son envol, et remontera à nouveau très haut dans les cieux! Cela n'arrivera peut être pas de mon vivant, ni de celui de mes enfants, peut être dans 3 ou 4 générations ou même plus, mais cela arrivera, c'est inéluctable. C'est juste une question de temps...

Tuesday, February 19, 2008

Gardiens du Cèdre


Les Gardiens du Cèdre sont l'une des 4 factions qui ont composé la milice chrétienne des Forces Libanaises, réunie vers 1975, les 3 autres étant les Phalanges (de Gemayel, la principale composante des FL), les Ahrar (de Chamoun, c'est les meilleurs, que voulez-vous que je dise) et le Tanzim (l' «Organisation», surlesquels je suis malheureusement assez mal documenté, tout ce que je sais sur eux étant le fait qu'ils étaient très bien ... organisés). Les Gardiens du Cèdre sont les plus radicaux quelque part, et certains les présenteraient comme l'extrême-droite libanaise. Leur dogme glorifiant les racines phéniciennes de notre pays aux dépends de son identité arabe, les a poussés à se rapprocher plus de la cause israélienne que de la palestinienne, sous prétexte que les Hébreux en tant que Cananéens, partageraient avec nous une proximité géographique et culturelle plus grande que celle que nous partagerions avec la civilisation Arabe, originaire de la presqu'île arabique (ce qui effectivement n'est pas complètement faux en soi, il faut bien le reconnaître). Cette dangereuse affirmation leur a valu, dans un contexte comme le nôtre, l'accusation évidente de collaborateurs sionistes, ce qui constitue ici la plus grave des hérésies; et depuis que leur président Etienne Sakr, banni de son pays pour haute trahison, a dû se réfugier quelque part entre Chypre et Israël, ce parti s'est tenu coit pendant la longue occupation syrienne, et plongea peu à peu dans l'oubli...

La raison pour laquelle il fait aujourd'hui une irruption soudaine dans ce blog, c'est qu'il compte dans ses rangs la plus ravissante des créatures terrestres, et que cette belle rouquine a gravement tapé dans l'oeil d'Oberon Brown. Une femme à la personnalité aussi splendide que son physique, aux beaux yeux pers pétillant d'une flamme indomptable en même temps qu'empreints d'une tristesse rêveuse, est un membre actif (et, je le soupçonne, hiérarchiquement élevé) dans cette organisation ultra-nationaliste, pratiquement fasciste... Conciliant dans son caractère des attributs diamétralement opposés, cette petite perle (ayant passé entre autres une grande partie de son enfance dans les Jeeps de la milice) allie une brutalité de propos frisant la violence raciste, à des talents artistiques et une culture éclectique d'un raffinement impressionnant.

Cette belle tigresse m'a brisé le coeur... Mais je ne lui garde pas rancune, cela ne servirait à rien. Finalement à chacun ses goûts, et l'on ne peut pas demander à tout le monde d'apprécier à sa juste valeur l'humour (pour le moins douteux) d'un type aussi capricieux qu'Oberon Brown. De toutes façons, je possède plusieurs amis palestiniens, pro-syriens, gauchos et même aounistes, qui seraient subitement devenus des potes «encombrants» pour la nouvelle venue; et s'il est vrai que la vue d'un string me fait renoncer en général à un très grand nombre de principes, l'amitié n'en fait pas partie... Les amis, nous les avons dans la peau après tout, ils font partie de nous et nous définissent... Même si cela ne remplit pas le vide cruel laissé par l'absence de l'âme soeur, les amis et la famille sont le sol ferme sur lequel nous nous appuyons, le port toujours accueillant, la main tendue à qui l'on est toujours certain de pouvoir faire confiance.

Thursday, February 14, 2008

Pré-ouverture

L'inspiration me revient soudain pour écrire, et je décide de faire une pré-ouverture de ce blog...
Le Liban ne sera jamais uni. Ces deux mots constituant le titre du blog, forment déjà entre eux une contradiction, le Liban étant par définition la terre des minorités, le melting-pot communautaire, culturel et ethnique. C'est probablement la raison pour laquelle les gens arrivent toujours à s'intéresser aux petites histoires de ces 10 452 kilomètres carré, en tolérant toutes les fadaises, le snobisme, la bêtise, la paranoïa et l'arrogance d'un peuple indiscipliné et exaspérant (chauffard de surcroît). Car avec la mondialisation galopante, un grand nombre de pays se dirigent lentement mais sûrement vers un choc des civilisations, et il serait intéressant pour eux d'observer, comme dans un aquarium, ce que donnera l'expérience à petite échelle sur des cobayes inconscients et pas très futés. Jusqu'à présent, je ne dirai rien de sorcier en affirmant que les résultats ne sont pas très encourageants...

En tout cas, pour rendre ce blog le plus utile possible aux visiteurs venus de tous les coins de la planète, j'insisterai dorénavant d'avantage sur les aspects universels et didactiques des évènements que j'y relaterai, et réduirai au minimum -ou si possible suspendrai- les insultes à certains dirigeants politiques (dont un en particulier), la médisance d'un certain pays à nos frontières Sud (vu que la plupart de mes commentateurs s'en sont complètement offusqués l'autre fois, et que je ne tiens pas à vexer nombre d'entre eux avec qui commence à se développer une certaine amitié), et autres propos inconsistants et dénués de sens, ce qu'il convient d'appeler, dans un langage beaucoup moins soutenu, les «conneries».


Pour commencer je vais donc remettre en question le slogan clef du 14 mars, leur fameux et surmédiatisé «I love life»... Cette phrase ne signifie rien; elle est floue, pédante et n'est même plus d'actualité, car la vie devient ici de plus en plus difficile, l'avenir de moins en moins rassurant. Je me permettrai de la corriger en la remplaçant par deux affirmations plus exactes car beaucoup plus spécifiques:



En ce jour pluvieux du 14 février, une manifestation monstrueuse grouille à la place des Canons (alias des Martyrs, alias de la Liberté). Les proprios des pubs de la rue Gemmayzé, en commerçants intelligents, devraient logiquement ouvrir leurs portes assez tôt pour accommoder une grande foule lassée de marcher, de secouer des drapeaux et de s'égosiller. Les jeunes femmes, habituellement les premières sujettes à la fatigue physique, s'y prélasseront bientôt en sirotant un petit remontant, et je prévois qu'à partir de 4h de l'aprèm il devrait y avoir une ambiance du tonnerre! Je vous laisse donc ici, et j'y cours! J'ai juste besoin de 3 portraits: un de Hariri (senior ou junior, peu importe) pour séduire une belle sunnite, brunette au charme oriental, un autre de Samir Kassir pour attirer les meufs artistes ou intellos de gauche, reconnaissables aux lunettes et au style d'habillement «bohémien», et un de Samir Geagea, pour les filles FL, gibier de choix, avec leurs croix biseautées, leurs lunettes Ray-Ban, leur look féroce et provocateur (je devrais laisser tomber les filles druzes pour le moment, vu que je ne serai jamais crédible avec un poster de Walid Beik...)