Saturday, February 13, 2010

Le Juif Libanais

Non, il ne s'agit pas d'un billet sur la communauté juive au Liban; c'est simplement le titre d'un bouquin écrit par le père d'une amie à moi et provenant d'une adaptation de l'expression "Juif errant" et son application au Maronite libanais, vagabond du Proche-Orient.


Vu la complexité de ce bouquin, j'ai chargé un ami d'en écrire une introduction en bonne et due forme (oui, ma paresse ne connait pas de limites...), et je rajouterai son texte dès qu'il me l'aura envoyé. Entretemps, je vous en ai choisi un petit passage que je trouve sidérant d'actualité: toujours la même histoire qui se répète d'hommes qui ont rêvé d'un Liban moderne, laïque, stable (un pays comme les autres quoi), et qu'une main fourbe a lâchement assassinés.

"A 32 ans élu président de la république, dans un état dit démocratique cela ne s'était jamais vu. Aussi le retour de veste de ce jeune président ne s'était vu.
Un mahométan, le plus virulent journaliste qui n'avait cessé de cribler Bachir de critiques acerbes se présenta tout tremblant devant Monsieur le Président.
- De quoi as-tu peur? Demanda Bachir, continue ton travail et n'aie aucune crainte, autour de moi, je veux des gens de ta trempe. Tu seras mon unique porte-parole.
A Saeb bey, ancien premier ministre et parrain du slogan ni vainqueur ni vaincu il dira:
- A nous deux, nous allons travailler la main dans la main et relever notre Patrie du bourbier infernal où elle se trouve.
Du coup, tous les fonctionnaires de l'état, toute la machine administrative de fort longtemps rouillée et inopérante s'était huilée d'un carburant neuf. Le soldat devant sa caserne, le gendarme à son poste, le juge derrière son bureau, c'était tellement inattendu que tous criaient: Victoire.

[...]

Ce dimanche, Bachir invité à déjeuner chez sa sœur 'Arzé' la bonne religieuse des Saintes familles jubilait:
'Tu verras Arzé ma sœur j'en ferai de ma patrie un paradis. Maintenant que nous sommes bien installés, c'est fini le désordre, c'est fini les équations algébriques et le partage honteux du moitié-moitié, je ne ferai aucune distinction entre un chrétien et tout autre, seul un concours juste et équitable départagera les gagnants. Seule, une armée régulière défendra le territoire.
Mon pays indépendant et libre est prêt à tendre la main à tout homme de bonne foi sans prendre en considération ni sa nationalité ni sa religion, d'ailleurs j'ai décidé de rayer de notre carte d'identité ces beuveries de confessions.
Nos lycées seront aussi capables que le collège des Jésuites, nos administrations aussi propres que les lieux saints, nos enfants main dans la main vivront en paix'.

[...]

Boutros Khawand un de ses lieutenants les plus fidèles fonçait comme un forcené au volant de sa jeep vers ce centre maudit, pourvu que j'arrive à temps se disait-il, pourvu que je puisse prévenir Bachir de ce qui l'attend.
Un frein de voiture, accompagné d'un éclat de bombe, Boutros était arrivé trop tard, blessé à la jambe par les éclats de la déflagration il n'avait pas pu prévenir."

Et tant d'autres après lui... Enfin, pour égayer un peu les choses, l'inévitable coup de croquis relatant la soirée de signature chez les Germanos...




Et voici la dédicace qu'il a fini par me céder; bien entendu, une allusion évidente à ma fiancée...

Comme quoi lorsqu'on est un vieux séducteur, on ne cesse jamais de l'être.
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Post-edit:
Et voici l'introduction en bonne et due forme que je vous ai promise:

Tout comme le titre ne l’indique pas, ce livre ne traite pas de la communauté juive au Liban. Il faut plutôt y entendre un écho de la traditionnelle errance hébraïque ; en effet, derrière l’histoire de ces personnages qui traversent et font la guerre du Liban, se dessine la façon dont cette guerre a confirmé le Maronite, précaire et menacé, dans un rôle de "Juif Libanais".

Nous suivons l’histoire vraie d’Eric, un Français spécialiste des coffres-forts, engagé par les milices de l'Ouest pour dévaliser les réserves de la British Bank. Nous adhérons à son regard extérieur. Nous croisons un certain nombre de personnages de tous bords, nous ressentons ce qu’ils ressentent, et nous sommes accompagnés par les commentaires de l’auteur, une sorte de voix off à la fois sage et désenchantée.

Loin d’être un énième pavé sur la guerre du Liban, ce récit la survole avec une ironie qui n’exclut pas la gravité, avec une lucidité qui n’exclut pas l’empathie, et avec un recul qui n’exclut pas l’espoir.

Y.G.