Wednesday, November 22, 2006

Mais qui, à votre avis, est en train de faire tout ça?

Afin de contribuer à éclairer ce dangereux mystère qui semble diviser les libanais (encore plus que jamais), il m'a semblé bon de récapituler ici plusieurs points essentiels:

La Syrie a une main mise sur le Liban: Parmi les centaines d'ouvriers syriens que vous croisez chaque jour un peu partout, dites vous bien que sur 10, l'un est un agent, et 2 ou 3 autres sont des mouchards (moukhber), des gens qui racontent aux autorités tout ce qu'ils ont vu et entendu; leurs témoignages concernant n'importe quel citoyen sont pris en compte et notés dans un dossier spécial -qui commence par ces termes:« wassalana anna... »(il nous est parvenu que...)- attaché à son registre officiel. De plus, tous ces hommes ont servi l'armée là-bas, et comparé au leur, notre service militaire à nous est un Club Med.

La Syrie est un régime dictatorial, le reste du monde ne l'est pas: En Syrie le président est élu à 99% des voix, et cela ne surprend personne. Les anciens chefs des renseignements se suicident avec 2 balles dans la tête. Il n'y a pas de politiciens opposants, d'intellectuels de gauche, d'activistes subversifs sur le sol syrien (en exceptant les prisons souterraines). Certains vous diront, avec un sourire perspicace: « L'Amérique aussi est une dictature, mais on ne le voit pas! » Ma réponse est la suivante: non, elle ne l'est pas! L'Europe, summum de libéralisme, pourrait accuser l'Amérique de dictature, pour exagérer, mais pour revenir à des standards tiers-mondesques et en la comparant avec une VRAIE dictature dans la plus pure tradition stalinienne, l'Amérique est très loin de l'être. Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, des gens comme Michael Moore ne disparaissent pas mystérieusement dans un coffre de voiture, on ne retrouve pas leurs corps criblés de balles quelque part, et leurs voitures n'explosent pas subitement lorsqu'ils mettent le contact; la compétition est féroce entre démocrates et républicains; n'importe qui peut intenter un procès contre l'Etat, et peut souvent le gagner....Bref, l'Amérique n'est pas un régime totalitaire (la majorité des pays non plus), la Syrie si.

L'Amérique a d'autres chats à fouetter: Elle n'a pas 3 milliards d'agents secrets, comme dans « Bourne identity », et quand bien même elle en aurait, elle ne les placerait pas en priorité à Beyrouth. Entre l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, la Corée et bien d'autres, l'Amérique n'a pas beaucoup de temps à perdre ici dans des manigances compliquées. D'ailleurs, quand elle a besoin de frapper, elle le fait haut et fort, elle entre en guerre.
D'autre part, Israël, le petit allié, ne veut pas d'un pays instable à sa frontière Nord. Son intérêt est qu'on lui foute une paix royale, comme le font l'Egypte et la Jordanie. Les gens qui pensent qu'Israël est « jaloux » de notre économie florissante devraient être un peu plus modestes: en valeur absolue, notre PNB rivalise probablement avec le leur, sauf que le nôtre est précédé d'un signe négatif...
Bref, les seuls agents secrets présents massivement au Liban, ne sont ni le Mossad ni la CIA...

La Syrie est terrorisée par le tribunal international: Assad sait que la carte à brandir contre lui par les Nations Unies est cette histoire d'assassinat contre Hariri (je ne rentrerais pas ici dans un autre débat sur son implication éventuelle, mais il faut juste savoir que deux juges Européens l'ont déclarée quasi-certaine). Coup sur coup, les ministres du Hezbollah démissionnent; l'opposition menace de recourir à la rue; on assassine un ministre et l'on tente d'en assassiner un autre, tout cela à quelques jours d'intervalles près... Ces faits ne sont pas isolés; c'est clairement une tentative désespérée d'étouffer ce tribunal.

A tous mes concitoyens qui se méfient de l'impartialité de ce tribunal, j'aimerais attirer leur attention sur une nuance essentielle: les Nations Unies, ce n'est pas l'Amérique, ce n'est pas Israël. Si nous ne pouvons pas accorder notre confiance à cet organisme international qui regroupe plus d'une centaine de membres et que le Liban a contribué à fonder, pourquoi le ferions nous à un régime dictatorial où le dernier président a été élu à 99%?