Monday, March 31, 2008

Interlude multi-média


Je crois avoir découvert les Paris Combo du Trip Hop: cela s'appelle «Supreme Beings of Leisure», et c'est magnifique (je vous ai mis un petit extrait en ligne «Truth from Fiction», une de mes chansons préférées de leur premier album, appelé comme le groupe). C'est la première fois que j'écoute, sur fond de musique électronique à la Massive Attack, des mélodies swing et syncopées évoquant le jazz des années 50, principale source d'inspiration du groupe français. De plus, la voix de la chanteuse n'est pas sans rappeler celle de Belle du Berry. Conclusion, si vous cherchez quelque chose de nouveau à écouter, et que vous aimez comme moi le Trip-Hop et Paris Combo, cette nouvelle trouvaille vous plaira énormément.


A part cela, j'aurais pu vous parler de la censure du film Persépolis, mais je crois que je n'ai pas grand chose à dire sur le sujet, et tout d'abord parce que l'interdiction de sa projection a été levée (je ne sais même pas s'ils vont en découper des scènes d'ailleurs). Personnellement, je n'ai pas trouvé ce film tellement médisant de la révolution islamique: Marjane Satrapi décrit objectivement comment des minorités libérales, et plus particulièrement les jeunes de ces minorités, parviennent à survivre dans un pays ultra-conservateur, soumis au joug des gardiens de la Révolution. Mais malgré cela, elle reste très attachée à Téhéran; ce n'est qu'à cause de l'insistance de sa mère qu'elle part en Europe une première fois (où ça se passe très mal pour elle). Après sa rencontre désastreuse avec nombre d'hommes tous plus félons les uns que les autres, le premier être masculin à dégager une certaine impression positive est l'officier barbu qui la reçoit à sa rentrée en Iran. D'un ton strict mais chaleureux, il lui demande d'arranger son voile pour paraître pudique, lui tamponne son passeport, et la laisse rentrer en l'appelant “ma soeur”. Par la suite, elle s'oppose au projet de son mari de quitter l'Iran, malgré toutes les difficultés et les dangers qu'elle y rencontre. Et ce n'est qu'à la fin, et suite à l'insistance cette fois catégorique de sa mère qu'elle doit quitter Téhéran pour de bon. Paris, qui correspond aux seules scènes en couleurs du film, représente probablement une phase de lucidité, de recul par rapport à l'ensemble de la vie de l'auteure.

Ce film soulève plusieurs questions culturelles et identitaires qui devraient intéresser nombre de libanais, plus particulièrement la partie “occidentalisée” de sa population. Produits d'une culture bâtarde, “le cul entre deux chaises” pour reprendre l'expression d'un blogueur notoire, nous éprouvons pour Beyrouth ce que Marjane ressent pour Téhéran: un amour instinctif mêlé de masochisme, de frustration, et de confusion identitaire. Les choses échappent à notre contrôle, et nous nous voyons sombrer progressivement dans la théocracie totalitaire (nous y sommes déjà peut être); mais quoi qu'il arrive, Beyrouth conserve pour nous un charme unique, irremplaçable, et nous nous y sentons inexplicablement liés.

Thursday, March 13, 2008

Certaines musiques sont inappropriées à certains emplois...

Je me rappelle du temps de la fac, il y avait dans ma classe un type assez gentil et souriant, mais d'un vulgaire inouï... Je n'avais jamais vu, avant lui, une personne réunir simultanément tous les attributs ringards possibles et poussés à une extrême caricaturale. Mastiquant bruyamment son chewing gum pratiquement 24 heures sur 24, la chemise à moitié ouverte exhibant un torse velu indépendamment des saisons, cet individu était affublé de surcroît d'un accent lourd qu'il tenait de je ne sais plus quel village égaré au fin fond de la montagne libanaise, d'où il se tapait la trotte chaque jour dans sa BMW noire (bien entendu), dont le coffre avant était orné d'un grand aigle aux ailes déployées... Bref, vous voyez un peu le genre. Avec le snobisme bien connu des libanais, il est inutile de préciser qu'il a dû faire face à plusieurs difficultés d'intégration sociale. Moi je n'avais jamais rien eu contre lui, et on 'était plus ou moins en bons termes... jusqu'à un jour bien précis...

Un jour, il m'a demandé de lui passer une bonne cassette de musique classique (il n'y avait pas encore d'IPod à l'époque), et je me suis dit que c'était peut être l'occasion de jeter un peu de lumière dans cet esprit obscur et mal conseillé. Je me suis dit qu'il fallait quelque chose de vraiment puissant, d'unique, pour parvenir à toucher une fibre de sensibilité quelque part chez lui. Je lui ai donc passé le 20e concerto pour piano de Mozart (K466), une des musiques les plus pures, les plus majestueuses de tous les temps: elle est tellement enivrante de beauté, surtout le troisième mouvement, que l'on croirait qu'elle lui a été dictée par tous les anges des cieux, enfin sûrement par une entité extra-terrestre! Beethoven lui-même appréciait énormément cette pièce absolument sublime ,et par ailleurs avant-gardiste pour l'époque (fin classicisme début romantisme).

Le lendemain, il revient me voir complètement enthousiaste:
- Mec, ta musique est vraiment géniale!! Elle est trop belle!!
- Ah oui? lui dis-je.
- Oui mec, je mets cette musique, et je baise!!
- ... ... Pardon?
- Oui oui, je la mets et je baise ma copine, je la etc. etc. ...

Cet inommable personnage a transformé mon concerto de Mozart en musique de baise. À présent, par une malencontreuse association d'idées, à chaque fois que j'écoute la musique la plus pure de tous les temps, je ne peux pas m'empêcher de penser à cet individu extrêmement vulgaire, en train de faire l'amour sauvagement à sa copine, probablement une espèce de bimbo siliconée dont je ne veux même pas imaginer le physique... En tout cas il a de la chance que ce ne soit que Mozart; car s'il m'avait fait le même coup avec la «Missa Solemnis» de Beethoven, eh bien je l'aurais défenestré (balancé par la fenêtre) sans réfléchir...

Saturday, March 08, 2008

Caramel -2-


Suite à la demande de plusieurs lecteurs sympathiques, je vous présente les paroles de la chanson «Succar ya Banat» (3ème piste dans la B.O. de Caramel); et du moment que j'aime toujours illustrer mes billets par une image, j'en profite pour me délecter visuellement d'une nouvelle photo de Nadine, prise de dos celle-ci. À propos de prise, la charmante actrice/réalisatrice l'est définitivement maintenant, puisque je crois qu'elle a épousé Khaled Mouzannar, le compositeur... J'aurais dû me mettre à la musique dès le début moi; apparemment ça doit être l'un des métiers les plus séduisants au monde, sinon je ne comprendrai jamais comment un type aussi laid et physiquement repoussant que Gainsbourg a pu se faire les plus belles femmes du monde: Brigitte Bardot, Jane Birkin, Isabelle Adjani et je le soupçonne aussi Anna Karina. Sacré Gainsbarre!! Enfin, je ne vous ferai pas attendre plus longtemps et je vous laisse donc avec « Succar ya banat », paroles de Rodney Haddad, et toujours la voix enchanteresse de Racha Rizk. À bientôt!

Aaj'it sayr w siyarat,
Sawt scarbinat,
W idayn tghanni fihoun
Succar ya banat.

Hal Kahl elli baaynayhoun
W hal chfaf el soumr
Aam bet bouss b'idayhoun
Hal 'lam el houmr.

Jayi hdiyit habibik
Aala jenh el tayr,
Baaetlik nassmi tjibik
Bi aaj'it hal sayr.

Baaetlik nassmi tchilik
Faw' hal tour'at.

Aaj'it sayr w siyarat
Sawt scarbinat,
W idayn tghanni fihoun
Succar ya banat,
Succar ya banat.

Embouteillages et voitures,
Bruits d'escarpins,
Et des mains qui y chantent
Sucre les filles.

Ce maquillage sur leurs yeux
Et ces lèvres brunes
Embrassent de leurs mains
Ces crayons rouges.

Viendra le cadeau de ton chéri
Sur l'aile de l'oiseau,
Il t'envoie une brise te chercher
Dans cet embouteillage.

Il t'envoie une brise t'enlever
au dessus de ces routes.

Embouteillages et voitures,
Bruits d'escarpins,
Et des mains qui y chantent
Sucre les filles,
Sucre les filles.