La lumière au bout du tunnel
Il est tout beau notre nouveau président!! Enfin, quand bien même il aurait une tête de chimpanzé ou de tyrannosaurus rex, il nous paraîtrait toujours aussi beau en ce jour de gloire, car nous avons pratiquement oublié la sensation exquise d'avoir un chef à la tête de notre nation. Certes, les problèmes sont toujours là, irrésolus, mais c'est déjà un pas en avant, et surtout le pire a été évité. Nous avons frôlé un gouffre abyssal: une nouvelle guerre civile aurait en effet été fatale pour le Liban tel que nous le connaissons. Pour l'instant, réjouissons-nous de ce dénouement relativement heureux, et laissons les soucis (comme les armes du Hezbollah, les divisions communautaires et la faillite économique) pour plus tard. Comme tout pays du Tiers-Monde qui se respecte, tirons en l'air à l'arme automatique, foutons les haut-parleurs à plein volume, et accrochons partout les photos de notre nouveau président, avec tous les slogans romancés qu'il mérite! Demain, une aube nouvelle se lèvera sur le pays du Cèdre...
En tout cas, il était grand temps que cette crise se résolve, parce que la patience de la Ligue arabe, et probablement celle des Nations Unies, n'allaient plus trop tarder à s'épuiser. Moi-même, si j'étais à la place d'Amr Moussa, j'aurais depuis belle lurette envoyer paître les libanais. Mon rapport à la première conférence de presse aurait été: «démerdez-vous et foutez-nous la paix, bande d'incapables!» Certes, les diplomates (comme leur nom l'indique) s'expriment de façon beaucoup plus subtile et nuancée que cela, mais je pense que beaucoup de gens devaient être de cet avis. Après tout, il n'y pas que le Liban au programme des préoccupations et des aides internationales, il arrive des catastrophes naturelles et des tragédies dignes d'intérêt ailleurs aussi. Bien que cela puisse surprendre ou choquer nombre de libanais incrédules, contrairement à ce que l'on nous a toujours poussé à croire, nous ne sommes pas le nombril du monde...